lundi, novembre 20, 2006

HISTOIRES PARALLELES
XIII MISSIVES DE L’E@U-DELA

I. OOH, OOH

Ooh, ooh, je m'adresse à toi !
Ne m’as-tu pas entendu ?
Je suis ton ange ou ta voix,
Ce quelqu'un qui t’a voulu.

Ecoute-moi, écoute mon cœur...
Je cherche un véritable ami,
En quelque sorte une âme-sœur,
Avec qui passer ma vie.

Ne me rejette pas, je t'aime...
Tu pourrais ne pas y croire,
Décider que ça te gêne...
Mais fais l’effort du miroir...

As-tu vraiment regardé ?
As-tu le droit de m’aimer ?
Le droit de penser à moi ?
De m’assister si j’ai froid ?

II. GARDER LE CONTRÔLE

Je passe devant la glace...
Et un doute a pris ma place...
De vraies larmes troublent ma vue...
Je ne sais plus, je suis perdu...

La vie n’est pas facile, chose avouée...
Et faire semblant n’est pas la clé...
Des sentiments sont contrariés...
Et rien ne peut y remédier.

On aimerait garder le contrôle...
Penser que les choses nous frôlent...
Mais la vérité tout entière :
Nous n’en sommes pas moins éphémères.

Surtout, ne jamais faire semblant...
Même si ce n’est pas excitant...
Il nous est permis de trembler,
De s’effondrer, puis d’avancer.

III. ABONDANCE

La vie aurait-elle bien un sens ?
Faut-il veiller sur ses apôtres ?
Passer son temps dans l’insouciance ?
Ou trimer bien plus que les autres ?

L'on chercherait à rêver plus,
S'éloigner de son abribus...
Fort empêché, vous le seriez...
Car il n’est pas bien de quitter.

Pourtant, il faut voir l’existence...
Comme une espèce d’abondance...
De jours heureux et malheureux,
De moments « fun » et ennuyeux.

Evadez-vous, mettez les bouts...
De préférence accompagné...
Par une espèce de silphidé...
Qui pourrait être à votre goût...

IV. TOUCHES EXSANGUES

Inspiré par l’expérience...
Et les nombreuses confidences...
J’écris, je parle, je chante, je danse,
Et je m'éclipse en silence...

Je me rattrape et je m'essouffle...
Pour quelques mots et quelques oufs...
Des mots d'amour à tour de bras...
Et des douleurs qu’on ne voit pas...

Je m'endors sur mes touches exsangues...
D’avoir approfondi la langue...
Jusqu’à ne plus savoir que dire...
Mais le lendemain, c’est bien pire...

Je sens que quelqu'un sur moi veille,
Me rectifie et me conseille...
Et si je n’étais pas tout seul...
A vouloir user de ma gueule...

vendredi, novembre 10, 2006

V. LE DRAP NOIR

L’obscurité sur mon corps...
Progresse à pas de géant...
Ce drap noir qui me dévore...
N’y prendra que peu de temps...

Serai-je fini pour autant ?
Me laissera-t-il dos béant ?
Vais-je regretter l’océan ?
Je le sais, je suis mourant...

Ne sortez pas vos mouchoirs...
Qui font de vous des défaits...
Cette couverture va m’asseoir...
Parmi les plus satisfaits...

Ce bonheur tant galvaudé...
Qu’ensemble nous espérions...
Je vous le cède sans regrets...
Adieu pour mille raisons.

VI. LES CHATS

J’entends jouer dans la rue...
Des gamins à moitié là...
Je me penche par la balu...
Je n’entrevois que des chats...

Où ont-ils bien disparu ?
Etait-ce vraiment des enfants ?
Je pressens comme une bévue...
Mais ce n’est pas signifiant...

Personne n’y prête attention...
Pas même une seule réaction...
Tous m’ignorent et me rejettent...
Je le sais et je dois l’admettre...

Il fallut que je vive cela...
Pour savoir qu’ils n’en étaient pas...
Mon existence a bien changé...
Depuis le jour où j’ai flanché...

VII. LA CRISE

Il nous faut tout réussir...
Construire et redémolir...
Puis travailler toujours plus...
Enfin... arrive l’infarctus.

La délivrance est de taille...
Pour elle, on livre bataille...
On pourrait encore oser...
Mais le mieux, c’est d’imploser.

Qu’il n’y ait jamais de vacances !
Que du labeur à outrance !
Il faut que je me détraque...
Jusqu’à cette chère crise cardiaque.

mardi, novembre 07, 2006

VIII. CHIMERE

Je vis ici depuis des lustres,
Dans cette entité qui me frustre...
Je pense à toi, aux longs séjours...
Dont je jouissais, mon amour...

Je sais que j'ai perdu l’enveloppe...
Je m’y suis piqué, je m’y frotte...
A chercher d’autres redingotes,
J’ai tout perdu et je vivote...

Ici, ma vie n'est pas facile,
Je ne suis pas vraiment docile...
J’ai beau essayer de faire chair...
Ce corps n’est pas fait pour me plaire...

Bien trop de bâtons dans les roues...
La dictature au coup pour coup...
Impossible de satisfaire...
Mes envies folles de libertaire.

Si quelque voeu était à faire...
Je reprendrais toutes mes affaires...
De cet endroit un peu austère...
Pour te rejoindre, Ô ma chimère !

IX. LE PROGRES

Du désespoir, y’a pas photo...
Des gens défaits plus qu’il n’en faut...
Une dose de farce et de bêtise,
Voilà les ingrédients de mise...

On ne peut stopper le progrès !
Il faut donc s’en accoutumer...
Des tonnes et des tonnes de cachets...
Pour ne plus jamais se coucher...

Savoir se vendre et se la péter...
Ensuite, s’auto congratuler...
Des limites à retransgresser...
Puis, son ego à reflatter...

Des paradis artificiels...
A mariner dans les cocktails...
D’une société effervescente...
Dissoute dans l’Enfer de Dante...

Des esprits vierges et fragmentés,
Des neurones voués aux échecs...
Des corps sans âme et mutilés...
Par cette fatalité abjecte.

Implorer les dieux d’Internet...
Cocooner dans son « adulette »...
Ne plus connaître le dehors...
Voici le sort, voilà l’essor !

X. L’HOMME

Un homme, tu sais, ça ne pleure pas...
Ca connaît l’eau mais ça ne coule pas...
Ca fait la guerre sans état d’âme...
Et ça repart en un coup de rame...

Ne point faiblir, ne point gémir...
Qu’y a-t-il de plus à dire ?
Des larmes. Des crocodiles.
Dans les deux cas, y faut que ça « kill ».

Je sais, la vie est tellement dure...
Et jalonnée de tant d’injures...
Pourtant, l’homme ne craint pas l’offense...
Il se bat dans l’accoutumance...

Je ne suis pas l’homme idéal...
J’aurais voulu mais j’ai trop mal...
La guerre me laisse complètement coi...
Et je ne pagaie pas de joie.

XI. ETRANGE ATMOSPHERE

Un centurion scrute l’horizon...
Demain, sortira-t-il son glaive ?
Comment rejoindre sa légion...
Sans décevoir sa belle Guenièvre ?

Aujourd’hui, le ciel n’est pas bon...
Et le soldat est bouleversé...
Par je ne sais quelles tentations...
Auxquelles il refuse de céder...

Derrière lui, celle dont il est fou...
Elle le regarde et tout d’un coup...
Elle sent une étrange atmosphère...
D’aliénation et de mystère...

Il vient vers elle et la serre fort...
Comme dans un tout dernier effort...
L’embrasse jusqu’à l’étouffer...
Il n’aurait pas pu la laisser...

Jamais il n’eut été si courageux...
Il put quitter sa chaumière sans histoire...
Dans ce grand vent et cet air vigoureux,
Il fit campagne jusqu’à son dernier soir...

La morale de ces vingt lignes...
Est pourtant assez indigne...
Mais soulage tellement mon cœur...
Qu’elle en est tout à l’honneur.

N’allez pas approfondir...
De midi à quatorze heure...
Laissez-vous désinterdire...
Ces élans bien salvateurs.

XII. PANADE

Cette nymphe a profané mes songes...
Comme le vortex à l’univers...
Et dans cet océan, je plonge...
Pour un back-up de dernière guerre...

Dans ce délabrement total,
Je croise d’infimes certitudes...
Je m’en empare, c’est bien normal,
Le temps est au nouveau prélude...

Ce monde agressif et troublant...
Générant tant de grosse panade...
A pour fonction, si je ne mens,
De me conduire à l’autre arcade...

C’est bien ici que tout se joue...
Que les pièces remises bout à bout...
Doivent correspondre sans entourloupe...
Et sans alourdir la chaloupe...

Je dois reprogrammer le tout,
Récupérer tous mes atouts...
Pour n’accepter d’une autre sœur...
Que la réelle part de bonheur...

Je sais qu’il ne sert de gémir,
De s’accroupir à en mourir,
De s’étendre à perpétuité...
Sur ces plaines mortes et ravagées...

Par l’existence du secret...
Par les exigences du secret...
Par les transigeances du secret,
La tête plus dure qu’une gerbe de murs...

XIII. MALFACONS

Voilà surgir d’une piètre « aubasse »...
Un autre jour qui laisse la place...
A cette mémoire tellement vivace...
Qu’elle me fracasse et me concasse...

Dans ce deuil de solitude,
Habitudes et finitudes...
Se sont installées de pair...
Sans l’idée de se soustraire...

Je ferme les yeux et dans la nasse...
De mon infalsifiable ennui,
S’imposent à moi avec audace...
Des profondeurs de champs fortuits...

Nul n’affirme qu’il est désinvolte...
D’attendre et de mettre à la solde...
Un sentiment de trahison...
Auréolé de malfaçons...

Une inconsciente, une malapprise,
A cambriolé par sottises...
Une caverne entière de présents...
Pourtant voués à ses mille ans...

Bien trop hâtée à se suffire...
Des brefs moments où elle respire...
Elle en oublie de sacrifier...
Quelques respectabilités...

Y a-t-il seulement une fenêtre...
Où cet univers égoïste,
Narcissique et frustrationniste,
Aurait pour peine de disparaître ?